Des enfants dans les tranchées?

                                                                            

            A la suite du message d'Armande dans l'article précédent, nous nous sommes posés la question de la presence d'enfants ou adolescents au front, et de l'ampleur éventuelle d'un tel fait. Les journaux, les livres, les photographies indiquent que des enfants auraient participé à des combats soit directement soit indirectement, comme éclaireurs ou estafettes (porteurs de messages).
           Avant de continuer, il semble utile que les générations de la Grande Guerre n'ont pas la même perception que nous de la présence d'enfants sur le front. Nous sommes choqués de voir des enfants enrôlés souvent de force dans des conflits actueels ou récents, comme dans les Balkans ou au Libéria par exemple. Au début du XXème siècle, il en va autrement. L'Europe vit dans le souvenir des guerres de Napoléon, où les enfants étaient nombreux: les tambours étaient souvent des jeunes garçons. Un des tableaux les plus célèbres de la fin du XIXème siècle est le Fifre d'Edouard Manet:

           On peut donc affirmer que des enfants combattants devaient beaucoup moins choquer à l'époque que maintenant. Pour autant, il ne semble pas qu'il y ait eu une présence massive de jeunes adolescents dans les tranchées.  Les Turcs utilisaient de nombreux garçons pour porter les munitions en première ligne et l'allemagne épuisée a enrôlé des recrues de plus en plus jeunes à partir de l'été 1918. Plusieurs articles évoquent des enfants-soldats français, mais ils sont assez peu nombreux et c'est parce que leur situation est extraordinaire, qu'ils attirent l'attention des journalistes: c'est le cas du jeune caporal photographie dans le lien précédent. 
           La lecture d'articles et l'étude d'images concernant les enfants en guerre font apparaître deux choses. Soit une évidente exagération, relevant du bourrage de crânes le plus grossier:
                                                                  

           Soit des récits étrangement identiques, comme ces jeunes garçons (et une adolescente de 16 ans) tous fusillés pour avoir refusé de dévoiler les positions françaises aux Allemands. Tous meurent stoïquement et ont le temps de crier "vive la France!". L'authenticité de ces récits est trés douteuse, même s'il e t vrai que les troupes allemandes ont réellement commis des crimes de guerre contre les populations conquises. Pour résumer, la présence d'enfants semble être marginale, mais elle est exagérée par les propagandistes pour exalter le sentiment patriotique.